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Société - Entretien express

Cybercriminalité contre les mineurs : la prévention passe par la sensibilisation des parents

Alors que l’affaire de viols sur mineurs attirés par un gang via TikTok défraie la chronique, « L’Orient-Le Jour » fait le point avec un expert sur les moyens de mettre les adolescents à l’abri de ces dangers.

Cybercriminalité contre les mineurs : la prévention passe par la sensibilisation des parents

Les adolescents sont souvent connectés via leur téléphone sans aucun filtre. Un danger qui peut les suivre toute leur vie. Photo d’archives AFP

Les révélations d’une chaîne de télévision locale, al-Jadeed, corroborées par un communiqué des Forces de sécurité intérieure (FSI) mercredi soir, sur l’arrestation d’un gang soupçonné de plusieurs viols de mineurs attirés via le réseau social TikTok, a choqué l’opinion publique libanaise. Or les experts mettent en garde contre les dangers de la surexposition des jeunes sur les réseaux sociaux depuis des années. Quel est le rôle que doivent jouer les parents, les institutions pédagogiques, les autorités… pour mieux protéger les jeunes ? Roland Abi Najem, conseiller dans le domaine de la lutte contre la cybercriminalité, pense que la réponse est plus dans le dialogue et la sensibilisation que dans les moyens de protection techniques.

D’après les révélations qui ont fuité dans la presse, le principal suspect est un influenceur notoire sur le réseau social TikTok, qui aurait par ailleurs été utilisé pour attirer les victimes. Cet outil, particulièrement populaire chez les jeunes, pose-t-il des problèmes spécifiques en matière de prédation sexuelle des mineurs ?

Ce réseau social se caractérise par un contenu souvent en direct, où toute marche arrière est pratiquement impossible. D’autant plus que les usagers font de l’argent, notamment en participant à des « défis », plus fous les uns que les autres, qui ont déjà fait des morts de par le monde. De plus, les jeunes y sont exposés à un contenu souvent très cru en matière de sexualité, ce qui peut influer sur leur façon de voir le monde et d’envisager les relations humaines.

Selon les éléments divulgués, le scandale qui vient d’éclater donne des indications sur les méthodes utilisées par ce type de prédateurs : ces derniers peuvent soit utiliser leur notoriété sur le réseau, soit un faux profil (une jeune fille séduite par exemple) pour pousser les mineurs à leur envoyer des vidéos intimes qui peuvent être plus tard utilisées par les violeurs pour les faire chanter.

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Quel est le rôle des parents en pareil cas ?

Dans l’affaire actuelle, selon ce que l’on sait déjà des interrogatoires auxquels ont été soumis les mineurs victimes, la réaction de plusieurs parents a été d’admonester les jeunes (par souci d’éviter le scandale, entre autres) lorsque ceux-ci ont tenté de leur expliquer la vérité. Ce n’est pas du tout le moment, il faut au contraire encourager les victimes à briser le silence, sinon les coupables resteront impunis. Souvent, le scandale éclate lorsqu’une première victime décide de porter plainte – et, idéalement, en étant soutenue par ses proches – et qu’elle encourage les autres à suivre l’exemple.

Quels sont les signes de harcèlement en ligne des jeunes qui devraient alerter les adultes ? Quelles sont les précautions à prendre ?

Le problème est que les parents sont généralement dépassés par la technologie, et que les jeunes s’y connaissent souvent davantage. Techniquement, toutes les applications, dont TikTok, ont une option de contrôle parental. Mais celle-ci ne suffit pas parce que les mineurs peuvent la contourner en se connectant à partir d’autres appareils que leur téléphone, chez leurs amis par exemple.

De leur côté, les parents devraient exiger de savoir comment les jeunes l’utilisent. À mon avis, il existe une seule réponse à ces nouveaux risques qui guettent les jeunes et elle passe par la sensibilisation des parents qui doivent établir un dialogue avec les jeunes. Qu’ils leur interdisent l’accès aux réseaux sociaux ou pas, ils doivent éclairer leurs enfants dès le plus jeune âge sur les risques de se connecter avec des étrangers en ligne, tout comme on mettait les enfants en garde, par le passé, sur le danger de parler à des inconnus dans la rue.

Et ce sont des risques considérables parce que les traces sur internet sont indélébiles, certaines vidéos peuvent poursuivre les victimes durant toute leur vie.

Qu’en est-il du cercle plus élargi, allant de l’école aux autorités ? Les décisions prises récemment dans certains pays d’interdire les réseaux sociaux avant un âge déterminé sont-elles justifiées ?

Je pense qu’il ne faut pas beaucoup compter sur les autorités politiques ou judiciaires dans notre pays pour réguler et encadrer l’usage des réseaux sociaux. Les lois et les règles sont aussi détournées : à titre d’exemple, les plateformes elles-mêmes ont déjà des règles internes sur l’âge minimum d’abonnement aux réseaux sociaux. Or les jeunes s’y inscrivent malgré toutes les restrictions, parfois avec l’aide inconsciente d’un adulte.

Je serais en faveur de campagnes de sensibilisation au sein des écoles et des universités, ainsi qu’à l’adresse du grand public. Jusque-là, des campagnes comme celles-ci font cruellement défaut. 

Les révélations d’une chaîne de télévision locale, al-Jadeed, corroborées par un communiqué des Forces de sécurité intérieure (FSI) mercredi soir, sur l’arrestation d’un gang soupçonné de plusieurs viols de mineurs attirés via le réseau social TikTok, a choqué l’opinion publique libanaise. Or les experts mettent en garde contre les dangers de la surexposition des jeunes sur...
commentaires (1)

La solution ultime ou du moins efficace pour reculer l'effroyable constat de ce type de criminalité s'applique par des décisions de justice fortes, "exemplaires".

peacepeiche@gmail.com

11 h 36, le 05 mai 2024

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Commentaires (1)

  • La solution ultime ou du moins efficace pour reculer l'effroyable constat de ce type de criminalité s'applique par des décisions de justice fortes, "exemplaires".

    peacepeiche@gmail.com

    11 h 36, le 05 mai 2024

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