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Culture - Musique

« Aada’ », ces « Ennemis » du groupe Adonis qui nous font du bien

Ils représentent la nouvelle vague de la chanson libanaise. Quatre trentenaires dans le vent qui, en dix ans, se sont imposés comme l’une des meilleures formations de la scène pop rock libanaise et régionale. Les voilà qui lancent leur cinquième album, dans lequel se profilent déjà des titres cultes.

« Aada’ », ces « Ennemis » du groupe Adonis qui nous font du bien

Adonis : 4 jeunes musiciens qui se sont imposés comme l’une des meilleures formations de la scène pop rock libanaise et régionale.

Le groupe Adonis, c’est quatre jeunes gens à la musique comme une bouffée d’air frais, agréable et énergisante, malgré la mélancolie qui se dégage souvent de leurs paroles, raconteuses d’histoires d’amour, de souvenirs de jeunesse, de séparations, de départs et de retours espérés…

Entrez sur l’une des plates-formes audio et vidéo suivantes : YouTube, Anghami, Spotify, Apple Music ou Deezer et écoutez la chanson titre de leur tout dernier album, Aada’ (Ennemis), ou encore le morceau Min ajmal ma chafet ayni (Parmi ce que j’ai vu de plus beau). Vous serez illico embarqués dans une ballade aussi euphorisante qu’une virée en décapotable cheveux au vent. Et cela grâce à un son pop électro (aux références très marquées années 1980-90) greffé d’un univers à la fois hypernostalgique, poético-romantique et néanmoins traversé d’allusions clairement critiques au contexte sociopolitique libanais. À l’instar de ce titre al-Ati aazam (Le pire est à venir) ou de ces mots scandés (en arabe) dans le morceau phare de leur dernier album : « Toi et moi sommes comme des politiques. Nous avons détruit des pays pour conserver nos positions. » Ou encore de l’image, reproduite façon jeux vidéo, des cheminées de la centrale électrique de Zouk qui forme le visuel (satirique ?) du morceau Min ajmal ma chafet ayni.


Des clips largement inspirés des jeux vidéo. Photo DR


Entre pop électro et mélancolie

Une patte singulière que les quatre musiciens qui forment ce Boys Band ont toujours cultivée. Et qui semble être à la base de leur succès, autant au Liban et dans les pays de la région qu’en Europe, Paris, Londres et Berlin notamment, où ils ont fait une tournée très applaudie fin 2019.

On ne change pas une formule qui marche. En l’occurrence celle qui unit le chanteur (et leader) Anthony Khoury (également claviériste, parolier et cocompositeur avec le reste du groupe) au guitariste Joy Abou Jaoudé, au bassiste Gio Fikany et au percussionniste Nicolas Hakim s’avère être d’une remarquable cohésion. Basée sur une complicité totale tant au niveau de la composition et des arrangements mélodiques qu’à celui des textes qui « reflètent l’environnement dans lequel on vit au Liban », indique la voix du groupe. « Un pays d’une telle beauté, doté d’une scène musicale et artistique bouillonnante, qui nous donne en permanence la sensation de créer quelque chose de nouveau. Et en même temps, un pays où l’incertitude du lendemain et l’inquiétude constante forment comme une chape de noirceur qui plane en permanence au-dessus de nos têtes », confie-t-il.

Pour mémoire

Adonis déclare une nouvelle fois sa flamme à Beyrouth

C’est ce qui donne cette petite note sombre aux paroles également infusées de « la mélancolie des séparations obligées d’avec les amis ou les membres de la famille qui quittent le pays ou encore de nos propres hésitations entre partir ou rester ».

Et puis il y a leur attachement à Beyrouth, leur point d’ancrage, leur ville inspiratrice qui imbibe tous leurs albums. Depuis les hommages rendus dans les précédents (Beirut min chou btechki) au clin d’œil à son avenir retrouvé, illustré « tel qu’on l’imagine 50 ans plus tard », dans les vidéo-clips sous forme de jeux vidéo, signés Nadim Hobeika et Omar Khouri, qui accompagnent certains morceaux de ce 5e opus.


« Aada’ », le 5e album du groupe Adonis est en lancement sur les différentes plates-formes audio et vidéo. Photo DR


L’album post-4 août

Une ville qu’ils ont été obligés de quitter suite au cataclysme du 4 août dernier qui a entièrement dévasté leur studio. Mais n’a pas eu raison de leur inspiration. « Nous nous sommes réfugiés à Batroun, dans une grande maison au bord de l’eau, où nous avons recréé un studio. Et là, avec notre producteur Sleiman Damien, nous avons laissé tomber les morceaux qu’on avait préalablement composés pour refaçonner une histoire complète en 11 chansons », indique Anthony Khoury. En précisant que « l’album Aada’, entièrement composé et enregistré à Batroun, a été construit comme une histoire d’amour en trois actes. Le premier raconte l’innocence des premières rencontres et la confusion des premiers émois amoureux. Quand on ne comprend pas encore très bien ce qui nous arrive, qu’on ne sait pas comment exprimer ses sentiments et que par maladresse on bascule facilement de l’amour à la haine. Le deuxième parle de la maturité, d’un amour accompli et du sentiment de s’être enfin trouvé. Et le troisième bouquet de chansons – qui seront divulguées le 18 février sur les différentes plates-formes musicales – revient sur la nostalgie des premières amours qui étreint toute personne au déclin de sa vie ».


L’enregistrement « Men ajmal ma » avec le producteur Sleiman Damien en septembre 2020 à Batroun. Photo DR


2020, année fictionnelle

Tout cela sur des rythmes pop électro très inspirés de la pop dance des années 1980. « Celle de George Michael, de Donna Summer ou encore du groupe Police », soutient le chanteur d’Adonis. Signalant aussi avoir même introduit dans la chanson-titre d’Aada’ « des sons tirés des jeux vidéo de ces années-là, comme ceux du laser et des explosions ». Ces jeux de simulation virtuelle délibérément omniprésents à tous les niveaux de l’élaboration de ce nouvel album viennent ainsi souligner un ressenti quasi universel : « Celui d’avoir eu l’impression qu’on vivait, en 2020, dans un monde de fiction. Un univers presque irréel dominé par une extrême polarité entre le bien et le mal. Le mal s’étant manifesté sous la forme d’une pandémie mondiale, ennemie de tous les habitants de la planète. À laquelle est venue s’ajouter au Liban l’ensemble de la classe politique qui s’est révélée être la pire ennemie de son peuple. » Des Aada’ vous dit-on ! Sauf que le groupe Adonis a réussi à les transformer en musique qui nous fait du bien.

Le groupe Adonis, c’est quatre jeunes gens à la musique comme une bouffée d’air frais, agréable et énergisante, malgré la mélancolie qui se dégage souvent de leurs paroles, raconteuses d’histoires d’amour, de souvenirs de jeunesse, de séparations, de départs et de retours espérés…Entrez sur l’une des plates-formes audio et vidéo suivantes : YouTube, Anghami, Spotify,...

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