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Culture - Récompense

Alexandre Najjar : Ce prix, j’aimerais le dédier à « L’Orient-Le Jour »

L’Académie française vient de décerner son Grand Prix de la francophonie 2020 à l’écrivain et avocat libanais d’expression française. Une reconnaissance qu’avaient reçue Georges Schéhadé en 1986 et Salah Stétié en 1995, tous deux également directeurs de la publication « L’Orient Littéraire ». Coïncidence ?


Alexandre Najjar : Ce prix, j’aimerais le dédier à « L’Orient-Le Jour »

Alexandre Najjar, héraut de la francophonie. Photo DR

Ce prix, destiné à couronner « l’œuvre d’une personne physique francophone qui, dans son pays ou à l’échelle internationale, aura contribué de façon éminente au maintien et à l’illustration de la langue française », vous tient particulièrement à cœur…

Oui, en effet ! ! Je me suis toujours battu pour la francophonie, même contre ceux qui, en France, voulaient la remplacer par d’autres concepts comme « la littérature monde »... Au ministère de la Culture où j’ai été conseiller, lors des Jeux de la francophonie de Beyrouth dont je présidais le jury littérature, à L’Orient Littéraire, à travers L’Orient des livres et son partenariat avec Actes Sud, à travers le prix Phénix, à travers ma fondation qui participait à l’animation du Salon du livre et qui a permis à plusieurs jeunes auteurs d’être publiés, comme avocat à travers la commission francophone que je préside, et mes articles ou livres juridiques en français, comme écrivain et comme auteur de pièces de théâtre jouées en français au Liban, j’ai toujours milité pour une francophonie synonyme de diversité culturelle, d’ouverture et de dialogue.

Votre sentiment aujourd’hui en voyant ce combat couronné par un prix aussi prestigieux ?

C’est surtout symbolique pour le Liban en cette période noire de son histoire, catastrophique à tous les niveaux ; c’est la réaffirmation de l’importance de sa littérature, de sa culture qui fait partie intégrante de son identité et de son attachement à la francophonie qui, comme l’affirmait le président Charles Hélou, « n’est pas (et ne peut pas être) un impérialisme politique ni un impérialisme linguistique. Elle est et restera un fraternel dialogue des cultures »…

Ce prix, j’aimerais le dédier à L’Orient-Le Jour et à toute l’équipe du supplément L’Orient Littéraire qu’on a relancé en 2006, car ce journal, qui a accueilli mes premiers textes, a toujours été un espace de liberté et la meilleure illustration de la vitalité de la francophonie au Liban.

La francophonie est-elle en danger ou est-ce une force ?

C’est le titre d’un recueil à paraître ! La Francophonie est une force.

Pour mémoire

L’obstination du témoignage d’Alexandre Najjar

Elle n’est pas en danger, surtout que le facteur démographique en Afrique joue en sa faveur. Au Liban, elle se maintient, et je suis soulagé que la France ait volé au secours de nos écoles francophones... Mais il faut rester vigilant ; la francophonie doit rester dynamique et ambitieuse, et renforcer sa présence sur internet à l’heure de l’invasion numérique. Elle a de nombreux défis à relever, et l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a un rôle important à jouer, y compris au niveau sanitaire en cette période de pandémie.

Comment l’OIF peut-elle intervenir à ce niveau ?

Ils (NDLR : les responsables de l’OIF) se mobilisent déjà dans certains secteurs, mais ils doivent définir une stratégie sanitaire efficace pour aider les pays francophones à mieux faire face.

Dernière question pour votre passion première, celle de l’écriture. Vous avez rédigé votre premier roman à l’âge de 9 ans. À 13 ans, votre propre journal. À travers vos nombreux articles, vous menez un combat pour les libertés, et contre l’obscurantisme et l’hégémonie politoco-culturelle…

Depuis mes premiers articles publiés dans L’OLJ à 17 ans : un poème (Il povero) puis un point de vue dans le numéro du 9 mai 1984 : « Réveillez-vous, Messieurs ! » où j’écrivais : « Comment bâtir un gouvernement où il y aurait autant d’opinions que de tendances et de personnes, où il serait impossible de faire une synthèse, qui risquerait de s’effondrer au moindre choc extérieur ? » Rien n’a changé depuis !

Retrouvez, ici, tous les articles de L'Orient Littéraire

Carte de visite

Né en 1967 au Liban, Alexandre Najjar est avocat de profession, mais aussi écrivain, dramaturge et journaliste, responsable de L’Orient Littéraire, supplément culturel mensuel de L’Orient-Le Jour.

Il est l’auteur d’une trentaine de romans, récits, poèmes et biographies, dont Khalil Gibran (2002), L’École de la guerre (1999), Le Silence du ténor (2006), Berlin 36 (2010), Le Roman de Beyrouth (2005), Le Censeur de Baudelaire (2010, préface de Philippe Séguin), Kadicha (2011) et Harry et Franz (2018). Najjar publie aussi un Dictionnaire amoureux du Liban chez Plon. L’Amour ne se commande pas, récit autour de Samuel Beckett, L’Orient des livres, 2020, La Couronne du diable, roman, Plon, 2020. Ses œuvres sont traduites dans une douzaine de langues.

Avant le Grand Prix de la francophonie de l’Académie française (doté de 30 000 euros), Alexandre Najjar a maintes fois été récompensé en France comme au Liban. Une médaille aux Jeux de la francophonie de Madagascar, section littérature, et plusieurs prix littéraires (le prix Gibran, le prix Ignace Maroun, le prix Hanna Wakim du roman arabe, le prix Saïd Akl...), ainsi que le prix France-Liban, le prix littéraire de l’Asie, le prix du Palais littéraire, le prix Méditerranée 2009 pour Phénicia ; le prix Hervé Deluen décerné par l’Académie française pour son action en faveur de la francophonie et, plus récemment, la médaille d’or de la Renaissance française en 2020. L’ambassade des Pays-Bas lui a décerné le prix Amsterdam pour son action culturelle, l’Espagne l’a nommé commandeur dans l’ordre du Mérite civil espagnol, le Liban l’a nommé officier dans l’ordre du Cèdre, et la France l’a fait chevalier puis officier dans l’ordre des Arts et des Lettres.

Il a créé le prix Phénix de littérature qui récompense un écrivain libanais francophone ou un écrivain français ayant écrit sur le Liban.

Parmi les lauréats du Grand Prix de la francophonie de l’Académie française, Albert Cossery, le président Abdou Diouf, Albert Memmi, Hubert Reeves, Jean Starobinski, Bouallem Sansal ou Abdellatif Laabi.

À signaler également que la médaille de vermeil du Grand Prix de la francophonie avait été décernée à l’ancien ministre de la Culture Ghassan Salamé (2003) et au médecin François Boustani (2017).

Ce prix, destiné à couronner « l’œuvre d’une personne physique francophone qui, dans son pays ou à l’échelle internationale, aura contribué de façon éminente au maintien et à l’illustration de la langue française », vous tient particulièrement à cœur…Oui, en effet ! ! Je me suis toujours battu pour la francophonie, même contre ceux qui, en France, voulaient la...

commentaires (7)

Ce prix récompense le talent d'Alexandre Najjar et sa fidélité à la francophonie. Un honneur pour le Liban, comme pour la France. Oui la francophonie est une force quand on sait l'illustrer comme il le fait.

PONS FREDERIC

15 h 39, le 17 janvier 2021

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • Ce prix récompense le talent d'Alexandre Najjar et sa fidélité à la francophonie. Un honneur pour le Liban, comme pour la France. Oui la francophonie est une force quand on sait l'illustrer comme il le fait.

    PONS FREDERIC

    15 h 39, le 17 janvier 2021

  • Ce Monsieur mérite tous les honneurs. Je conseille à tous les libanais la lecture de ses chefs d’œuvre. Bravo vous nous rendez fiers de notre nationalité.

    Sissi zayyat

    14 h 07, le 17 janvier 2021

  • J'ai un livre de ce grand écrivain " L'Astronome " de 1997

    Eleni Caridopoulou

    18 h 11, le 16 janvier 2021

  • Bravo!! Vous êtes à l’image du Liban pour lequel nous nous battons.

    Jocelyne Hayeck

    14 h 27, le 16 janvier 2021

  • Mabrouk !

    Karlitch Johnny

    12 h 56, le 16 janvier 2021

  • Toutes mes félicitations!

    Hind Faddoul FAUCON

    04 h 29, le 16 janvier 2021

  • Felicitations et grande fierté jamhouriennes.!!!! Robert Moumdjian Promotion 1977

    Robert Moumdjian

    03 h 57, le 16 janvier 2021

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